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Récit de mes trails
2 janvier 2020

Vagabondage au Québec - 1ère partie - Le Fjord du Saguenay et le lac Saint Jean

Dimanche 08 Septembre

C’est parti, le compte à rebours est lancé, j’ai exactement 2 semaines pour parcourir les grandes étendues du Québec, aller où mes jambes me portent (pas très loin quand on a un sac de plus de 12kg), et surtout où les gens m’emportent ! Comme j'aime profiter un maximum des journées, je me réveille assez tôt et me fais un bon gros déjeuner à l’auberge, parce que je sais pas quand sera mon prochain repas. Je quitte ensuite la sécurité de l’auberge un peu avant 9h. Je décide de me poser après le carrefour de la bifurcation entre le Mont Grand Fonds (là où le trail a lieu encore aujourd'hui) et la route qui part vers le nord. Mon objectif est d’atteindre Rivière Eternité pour aller découvrir le parc national du Fjord du Saguenay. Il n’y a pas énormément de voitures qui passent, elles tournent toutes vers le Mont Grand Fonds, ils vont tous au trail les gens ?! Je compte les voitures, souris, chante avec mon mp3 dans les oreilles mais l’enlève dès qu’une voiture passe. Et au bout de 15 minutes et 17 voitures, un mec et son fils m’embarquent, c’est parti pour l’aventure. Même si je ne suis pas quelqu’un de très sociable, la moindre des choses quand tu fais du stop, c’est de discuter avec les gens, enfin, s’ils ont envie. Alors j’attends quand même qu’ils entament la discussion, pour montrer qu’ils veulent discuter, puis je raconte ma vie, eux me racontent la leur. Ils vont voir les baleines à Sainte Marguerite. Il me sort que j'ai "l'essence de l'aventure", me déposent à Saint-Siméon en me souhaitant bonne route. La vue sur le Saint-Laurent est superbe, je prends une petite photo puis me pose au départ de la route qui file vers le Fjord. Il y a encore moins de voitures, il fait gris, pas très chaud, je commence à me poser des questions. "Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je suis assez patiente ?" J’attends et compte les voitures. 12 voitures en 15 minutes, c’est pas beaucoup… Et au bout d’une petite demi-heure, un homme m’embarque. On discute. Il va à la réserve indienne de l'autre coté du lac Saint Jean, donc bien sûr qu’il peut me poser où je veux, sur la route du fjord. C'est cool, ça me rassure. Il me dit qu’il s’attendait à voir un mec caché dans les buissons pour monter aussi dans la voiture, mais je le rassure, je suis seule. C'est un bisontin installé au Québec depuis plusieurs années. Il m'explique comment ça se passe dans les réserves indiennes, la mentalité des indiens, leur rapport à la nature et aux humains. La route est assez longue, on roule environ 1h avant qu’il me pose à l’entrée du parc national du Fjord, à 500m de la route principale, sur laquelle j’aperçois une épicerie. C’est super gentil de me poser à l’entrée du parc, mais au final, je n’ai pas pris le temps de refaire le plein de victuailles ni d’eau, ni de m’acheter une bouteille de gaz pour mon réchaud, adieu la soupe ou la tisane ce soir. Mais ne voulant pas perdre de temps, je m’enregistre au parc et réserve une place pour dormir au camping rustique Delta. Le garde m’explique : "Vous allez au parking P3, vous suivez le chemin vers Delta et au bout de 2km il y a les emplacements". Lol. J’espère que je vais trouver ! D’autres voitures attendent pour rentrer dans le parc, alors je squatte celle d’un mec, un touriste français qui vient s’y balader. Il me pose au parking P3 et je commence à me dire que, demain, pour ressortir du parc, ça sera pas une partie de plaisir si je dois me taper les 5km de route à pied. Mais bon, chaque chose en son temps, pour l’instant je suis au parking. Je suis le sentier (j'espère que c'est le bon) et cherche mon fameux camping Delta. J’avance vraiment doucement et c’est là que je me rends compte qu’un kilomètre c’est quand même assez long quand on ne court pas. J’ai tellement l’habitude de courir donc 1km =~ 6 ou 8 minutes si je vais tranquille. Mais à pied, 1km c’est plutôt 10-12 minutes. Je marche, je marche, je me demande si je suis sur le bon chemin, mais d’après Google, ça devrait être bon. En plus c'est magnifique, il y a de beaux points de vue, je suis seule au milieu des arbres, c'est magique. Je croise deux nanas qui se baladent et qui “placotent”, leur accent me fait rire. Et j’atteins finalement le camping Delta : un petit dégagement avec 6-8 emplacements en bois de 3x5m environ disposés de part et d’autre du chemin. Le garde m’a dit :”Je vous donne le N°6 parce que c’est le plus beau”. Mouais, j’ai l’impression qu’il s’est foutu de ma gueule. C’est pas le plus moche mais pas le plus beau non plus. J’ai de la chance, c’est déjà pas celui juste à coté des toilettes : une cabane en bois qui cache un trou. Je pose mon bordel et explore les environs. Il y a un petit chemin pour accéder à une plage, j’y descends, c’est magnifique ! Je me dis que je vais être vraiment bien ici, en pleine nature. C’est vraiment ce que je recherchais. Au top. 

Surplombant la rivière

Plan de l'hôtel 

C'est ici que je dors

Je ne traine pas pour autant, je récupère mon camelback, coupe une tranche de pain en guise de repas de midi (hum délicieux ce pain pistache-figues) et je pars pour aller me faire le sentier de la statue, vers le Cap Eternité. J’avais plusieurs choix de balades, mais d’après mes recherches, celle-ci est la plus belle. Je rebrousse donc mon chemin, les deux kilomètres pour retourner au parking (c’est quand même plus facile sans le sac) et je trotte un peu, mais là, aïe. La douleur du genou droit, qui était apparu pendant le trail et qui avait disparu dans la nuit, me lance un grand coup. Merde. Peux pas courir. Dommage. Mais je continue quand même mon chemin en marchant et la douleur est supportable, c’est déja ça. Ca me trotte un peu dans la tête quand même. Je me dis que ça va pas le faire si la douleur ne part pas et que je ne peux même pas marcher. Mais au fil des minutes, elle s’estompe et reste simplement là en bonne gêne. Ne tirons pas sur la machine. Je passe par le centre d’interprétation, demande, au cas où s’ils ne vendent pas du gaz mais non. En plus, l’eau n’est pas potable, mais tu peux en acheter. Je dis “fuck”, ça ira avec ce que j’ai, un fond dans mon camel et un peu dans ma gourde. Puis, je suis le chemin du sentier de la statue. C’est plat le long du fjord au début avant d’entamer une jolie ascension de 300m+ avec plein de petites pancartes pour expliquer les oiseaux présents, et de jolis points de vue sur le fjord. Je continue sur un sentier plutôt plat dans la forêt où je croise le mec qui m’a posé au parking. On discuter 5 minutes et je continue, redescends environ 150m- pour atteindre la fameuse statue. C’est vrai qu’elle est grande et belle et qu’il y a une jolie vue sur le Fjord, mais il y a un peu trop de monde ici. Pas moyen de faire une photo sans quelqu’un dessus. Je m’attarde pas trop après avoir mangé ma bonne barre Cliff, je repars. En plus il se met à pleuvoir. J’avais anticipé et j’enfile ma veste Dynafit. La pluie se fait de plus en plus forte au fil de la balade et j’accélère. Ca me dérange pas d’être mouillée et j’avais plutôt bien protégé mes affaires au camp mais j’ai quand même hâte de voir que tout est en ordre. Je repasse au centre, j’hésite à acheter des trucs à grignoter mais me retiens et reprends mes deux kilomètres pour retrouver mon campement, après une balade de 12km. C’est bon, tout est en ordre, un peu humide mais l’essentiel est protégé. Il ne pleut plus, j’en profite pour installer ma tente, gonfler le matelas, étaler le sac de couchage. Une routine. Je m’installe un peu dans ma tente, écris et me fait une sieste en mettant le réveil 1h après pour ne pas trop me reposer et pouvoir faire une nuit complète ce soir. Je m’extirpe de mon sac au chaud et vais me balader au bord du fjord. Les couleurs de la tombée du jour sont magnifiques, je fais des photos, marche un peu. Ca fait du bien d’être seule ici. Puis deux mecs arrivent. Je vois qu’ils installent aussi leur tente, ça sera mes voisins pour la nuit. Je discute avec eux, ce sont des canadiens de l’Ontario (donc anglophone) : Dave et Mike. Ils me disent qu’ils feront un feu ce soir et m’invitent. C’est sympa. Je retourne au chaud dans ma tente pour le repas du soir : au menu, carotte, pain, graines et chocolat. C’est frugal mais ça me suffit. Je bouquine au calme et guette dehors. De nouveaux voisins arrivent : un couple et une petite fille. Ils semblent galèrer à monter leur tente. Vers 20h, je ressors et vais voir les canadiens auprès du feu. On discute de nos vies. Ca a pas l’air facile de vivre en Ontario, la vie est très chère, mais les salaires pas très élevés. Et seulement 2 semaines de vacances par an, dur ! L’un d’eux est photographe alors je m’intéresse, j’arrive toujours pas à faire de belles photos de nuit alors il commence à m’expliquer, les trois paramètres principaux : l’ouverture de l’objectif (plus le nombre est élevé, plus l'iris est fermé, donc moins de lumière), le temps de prise (pour les étoiles, c'est mieux de mettre un temps long, mais il faut un trépied, sinon c'est pas net) et la puissance que l’appareil fourni pour la photo. Le tout est de jouer avec ces trois paramètres. Après une heure de papotage, la nuit est bien tombée et il fait frais malgré le feu qui s’éteint doucement. C’est l’heure de rentrer chacun chez soi et je m’effondre dans mon petit cocon pour une première nuit en pleine nature québecoise.

Encore de jolis chemins

La statue

Magnifique spot de bivouac

lien Garmin : Sentier de la statue / Cap Eternité 

Lundi 09 Septembre

Je dors plutôt bien même s’il fait assez frais et que je me réveille plusieurs fois dans la nuit. Je me lève assez tôt et à 7h tout est remballé, je suis prête à partir. Je dis au revoir à mes voisins et je me remets en marche. Mes deux kilomètres (pour rejoindre le parking P3) passent facilement puis je décide de suivre le sentier de la rivière plutôt que d’avancer sur la route, au moins jusqu’au camping. 3km. Je rejoins la route, une pancarte m’annonce la sortie du parc à 5km. Ouh, dur. Je mets la montre pour me rendre compte du temps que je mets au kilomètre. J’avance vraiment pas vite et le sac commence à peser. Je tends le pouce mais la voiture que je vois se dirige vers le parc et la 2ème voiture est un garde du parc. Je râle intérieurement, je me dis qu’ils pourraient quand même m’emmener à l’entrée. 4km en voiture, ça va vite, alors qu’à pied, j’en ai pour encore bien 1h. L’heure tourne, 8h15. Le garde repasse dans l’autre sens, il me charge. Merci ! Il me dit que normalement il a pas le droit, je trouve ça débile. Au final, il me posera à l’intersection de la route principale, devant l’épicerie. Trop cool. Je me dis que j’ai gagné une heure et j'ai le smile. Je déambule dans l’épicerie, achète une bonbonne de gaz, un cookie SuperDaddy, du lait chocolaté (trop sucré mais délicieux), des petits pâtés à la viande. Je suis parée. Je me pose de l’autre coté de la route, devant une maison et tends le pouce. Les quelques voitures qui passent ne s’arrêtent pas. Mais le mec de la maison sort et me dit que si je veux attendre 5-10 minutes, il m’emmène jusqu’à Chicoutimi. Trop bien. Ok je range le pouce et attends qu’il ait fini de charger sa voiture. On embarque. On roule et on discute. Il s’appelle Daniel et c’est un cueilleur. Il cueille des fruits, légumes, champignons en fonction des saisons et les vend sur le marché. Il fait aussi du miel, j’aurais bien aimé y gouter. En tout cas, il est super gentil. Il me dépose près d’une bretelle d’autoroute à l’entrée de Saguenay et me dit de traverser la route et de faire du pouce là. Il y aura surement quelqu’un qui me prendra. Et il a raison, à peine le pouce tendu, un mec dans un gros pickup rouge me monte. On papote. Il est syndicaliste. A ce que j’ai compris, il y a beaucoup de mouvements de syndicats au Canada. Il est vraiment passionné. A la base il devait aller à Alma et donc me poser à la bifurcation étant donné que mon objectif du jour c’est d’aller au bord du lac Saint Jean, en fonction de l’heure à laquelle j’arrive, de visiter le village historique de Val Jalbert et/ou le musée amérindien de Pointe Bleue ou Masteuiash. Mais on papote, on papote, et je vois passer le village de la bifurcation, il continue. Je dis rien, et au bout d’un moment, je dis quand même : “Mais tu vas pas à Alma toi ?” il me répond : “Bah oui mais j’ai le temps et t’es sympa, on papote bien alors j’ai décidé de t’amener où tu veux”. Intérieurement je jubile. J’ai vraiment de la chance de tomber sur des gens vraiment gentils. On discute encore de tout, de rien, des premières nations, de la politique, canadienne, française, américaine, de l’environnement, de la chasse. Et c’est comme ça que j’arrive au village de Val Jalbert vers 12h.

Petit tamia

Provisions du jour Mon taxi cueilleur des bois !

Je suis contente, je vais pouvoir profiter tranquillement pour visiter le fameux village de ma série de 6 bouquins, ça fait 2-3 mois que je suis dedans et je suis tellement imprégnée des lieux que j’avais vraiment envie de visiter ce fameux village fantome. Je pose mon gros sac, enfile mon petit camel Instinct avec l’essentiel : mon carnet, de l’argent, de l’eau, du pain, et l’appareil photo. C’est parti pour la visite, qui coute quand même une trentaine de dollars, mais qui peut durer au minimum 2h. On commence par monter dans un petit train ouvert avec un chauffeur qui nous explique l’histoire du village : à la fin du 19ème siècle, l’industrie du papier (pour le journal) est en plein essor. Ils décident de se servir de la belle cascade Ouiatchouan pour alimenter l’usine à papier. Avec l’usine, tout un village se forme, avec toutes les commodités nouvelles : eau potable, évacuation et même électricité dans les maisons, avec une école, un magasin général. C’est un peu un village modèle de l’époque. Malheureusement, vers 1927, l’usine est fermée car la production de papier par voie chimique remplace peu à peu la production mécanique. Les gens partent pour chercher du travail ailleurs et le village devient désert, fantôme. Vers 1980, des gens du village décident de le faire revivre en le rénovant à l’image de ce qu’il était à l’époque, un peu comme un musée. Le chauffeur nous conte avec passion cette histoire en déambulant à travers les rues du village et nous dépose en haut, au pied de la cascade et de l’usine. Je décide de monter direct en haut de la cascade par les escaliers, ça me réchauffera. Puis je visite l’usine, le petit film et décide de casser la croute au restaurant. J’opte pour la fameuse tourtière du lac en plat principal, ça sera suffisant, et très bon. Vers 14h, je redescends en marchant à travers le village, en admirant la belle cascade, en achetant des friandises au magasin général, en visitant le couvent-école tenu par la bonne soeur très comique, qui prend son rôle plus qu’au sérieux. Puis je regarde la montre et le temps tourne, il est déja 15h. Il faut que je commence à réfléchir à l’endroit où je vais dormir. Il y a bien un camping à Val-Jalbert mais j’ai pas envie de rester là dès maintenant et je suis attirée par la réserve Masteuiash. Je passe quand même un petit coup dans la maison du bleuet, achète du thé et des bleuets enrobées de chocolat puis tends le pouce à la sortie du village, près de la route principale. Une dame sort de Val Jalbert et me monte direct, je suis trop contente. On discute un peu et, sur le moment j’ai pas compris, mais en fait c’est elle qui dirige le village-musée. Elle était un peu déçue quand je lui ai dit que je voulais dormir à Pointe Bleue plutôt qu’au camping du village mais j’espère qu’elle comprend. En tout cas, elle m’a rendu un grand service en appelant Pierre, le responsable de l’info touristique à Masteuiash. Je voulait visiter le musée, mais il ferme à 17h donc c’est raté. Mais il va s’occuper de moi et me trouver un endroit pour dormir. Ma prochaine mission est donc d’arriver jusqu’à lui avant 17h. Il est 16h15, ça devrait jouer. Michelle me dépose à la sortie de Roberval et m’indique la direction de Masteuiash. Je tends le pouce à nouveau et une dame m’emmène un peu plus loin, dans la réserve. En fait, une réserve, c’est un peu comme le reste de la ville. J’ai pas vraiment tout compris, mais je crois que les réserves dépendent du fédéral et pas du cantonal. Bref je marche jusqu’à l’office de tourisme, un peu claquée, et retrouve le fameux Pierre. Il est un peu bizarre mais super gentil, il m’accueille, on discute, il appelle le camping de la plage Robertson en me conseillant d’y dormir plutôt que de dormir en sauvage. Je capitule. On discute et j’attends 17h en trainant un peu sur le net, donnant quelques nouvelles à Brice et à la famille.

Le couvent école de Val Jalbert 

La Ouiatchouan 

La tourtière du lac Saga de Val Jalbert

thé aux bleuets et guimauve à l'érable Miam un Big Daddy bien sucré, le kit de survie

Lien Garmin : Visite de Val Jalbert

Pierre m'amène au camping de la plage Robertson. Il y a personne à l'accueil mais il discute avec le mec qui tient le resto et me trouve un emplacement quasi au bord du lac, sur le sable. Trop calée ! Il me dit : "tu paieras demain matin en partant". Secrètement, je me dis que si je pars relativement tôt, je n'aurai peut-être pas à payer... Mais je suis un peu trop honnête pour forcer le destin et faire exprès de partir supra tôt. Je vais faire ma vie et si jamais il y a quelqu'un à l'acceuil, je paierai, sinon je partirai. J'installe le camp et prends une bonne douche chaude avant que le jour s'éteigne. Je grignotte mes bons petits patés à la viande, une carotte. Je bouquine et écris mon carnet, et je m'habille. Je mets toutes mes couches mais je n'ai pas forcément très chaud. Je sens que je ne vais pas mourir de chaud pendant ces vacances... Mais je m'estime heureuse, il n'y a pas de pluie de prévu. Après un joli coucher de soleil, je file dans ma tente, bouquine et m'effondre.

Fantaisie du lac Saint Jean

Spot du soir, posée au bord du lac Petit pâté à la viande

Il fait froid cette nuit, pourtant j'avais mis toutes les couches possibles, mais c'est très humide. Je me réveille vers 5h30, déjeune dans la tente et attends que le jour se lève pour remballer mon campement. Je range tout mon sac, mais vient le moment où il faut quand même sortir du sac de couchage pour le ranger, et le moment où il faut sortir de la tente pour la replier. La replier avec les gants, trop dur, sans les gants, trop froid. BRRR ! Voilà le sac est fait, je charge tout sur le dos et c'est parti. Pas de bol, quelqu'un à l'accueil. Je m'acquitte de mes 25$ et pars en marchant en direction du musée améridien Masteuiash. Je m'arrête dans une épicerie pour racheter deux trois provisions et arrive devant le musée un peu avant 9h. J'attends l'ouverture et c'est parti. Les guides m'expliquent les différentes salles du musée : l'exposition principal du moment, c'est "Classic Rock" de Riel Benn : un artiste sioux qui mixte ses origines aux pochettes de CD de groupe de rock et fait des affiches vraiment splendides (n'hésitez pas à cliquer sur le lien pour voir ses oeuvres). Avec le petit guide qui explique tous les détails des oeuvres. Moi qui n'était pas très emballée par cette expo au départ, je me surprends à trainer à travers les affiches, à dévorer le descriptif, analyser les moindres détails. J'adore. Mais le temps passe trop vite, il faut que je m'active un peu. Je passe dans la seconde pièce qui montre les activités que des enfants font : le masticage de l'écorce de bouleau pour faire des formes, et la confection de poupées par introspection. Puis c'est l'heure de la visite du jardin extérieur : "Nutshimitsh". On est un petit groupe de 5 touristes, accompagné par un guide qui prone ses origines sioux et nous explique la culture des montagnais de Pointe Bleue. C'était des nomades qui se nourrissaient de ce qui les entourait, principalement des baies, mais aussi de la chasse, tout en respectant la nature. Ils avaient des énormes connaissances de la nature, quelles sont les choses que l'on peut manger, boire, utiliser pour se soigner, quels arbres utiliser pour construire des raquettes, des canoës, des cabanes. C'est super intéressant et c'est là que tu te rends compte que nous, occidentaux, on a vraiment perdu ce lien à la nature. Ici au Québec, les amérindiens ont été exploités et quasiment exterminés mais ça change maintenant, et certains jeunes tendent à essayer de faire revivre cette culture. Quelques anectodes que j'ai retenu : le thuya est pratique car il ne pourrit pas (parfait pour les canots), l'épinette rousse (mélèzes) est utile en tisane, le bouleau est travaillé pour son écorce, l'épicéa et le peuplier sont plutot utilisés pour les abris. Je traine encore un peu dans le musée, achète une jolie paire de boucle d'oreilles à Nata puis reprends la route. 

Je tends le pouce et je vois deux belges qui étaient au musée avec moi. Elles s'arrêtent et m'embarquent. Merci ! Elles montent au nord et vont visiter le zoo de Saint Félicien, qui est situé environ 10km au dessus de la ville. Il parait qu'il est vraiment cool mais il faut faire des choix et j'ai choisi de ne pas y aller. En plus, je cautionne pas trop trop les zoos. Je m'arrête à Saint Félicien et me rends à l'office de tourisme de la ville. Je trouve que j'ai déja passé pas mal de temps du coté du lac Saint Jean et j'aimerais avancer un peu plus vite. Je décide donc de dormir de l'autre coté du lac, j'ai repéré une auberge de jeunesse qui parait vraiment sympa après Péribonka, à Saint-Monique. Je demande à l'office de me réserver un lit dans cette auberge pour ce soir, je n'ai plus qu'à réussir à l'atteindre avant la nuit. J'ai décidé de dormir dans une chambre plutôt qu'en tente, parce que j'ai vraiment eu froid cette nuit et parce qu'ils annoncent de la pluie à partir de ce soir et ce, pour toute la journée de demain. Elle me booke donc la chambre pour 18h environ. Il est quasi 12h je suis large. Pour midi, je décide de me diriger vers la Patisserie Chez Grand-Maman. C'est un peu au Nord de la ville et je prends un peu de risque à m'écarter ainsi, mais j'ai vraiment envie de gouter au plat typique du lac Saint-Jean. Une voiture avec une plaque allemande à l'avant m'embarque. C'est un jeune. Je tente de discuter avec lui, en anglais au départ au vu de la plaque. Puis je comprends qu'il parle français. En fait, au Canada, il n'y a des plaques qu'à l'arrière des voitures. Donc le jeune, pour faire tendance, a mis une fausse plaque à l'avant. Mais c'est pas pour autant que je comprends ce qu'il dit. Il a un accent tellement prononcé que je comprends rien. C'est super gênant et il fait aucun effort. Heureusement qu'il me pose au resto 5 km plus loin. Je réalise que j'ai de la chance, tous les gens qui m'ont embarqué pour un long trajet n'avant pas trop d'accent, sinon ça la fout mal quand même de ne rien comprendre... Bref j'arrive donc dans cette petite bicoque qui a l'air un peu vieillote, avec seulement 4-5 tables d'un coté, et la boutique prolongée par la cuisine de l'autre. C'est simple et il n'y a quasi personne. Je déguste donc ma soupe à la gourgane en entrée, ma tourtière du lac, fourré au boeuf en plat principal et une part de tarte aux bleuets en dessert. Le tout pour 19$. Simple, bon et efficace ! Je laisse mon sac au resto le temps d'aller faire une petite balade digestive le long de la rivière Ashuapmushuan pour voir les chutes à Michel ! Ca fait du bien de marcher sans sac, et c'est agréable cette rivière, les beaux arbres. Apaisant.

Musée de la civilisation de Pointe Bleue

Riel Benn - Red Blanket

© http://artofthebutterfly.com

Expo Classic Rock de Riel Benn Menu de Grand-Maman

Petit festin du lac Saint Jean chez "Grand-Maman"

Chez Grand-Maman Repas typique du lac Saint Jean

Balade digestive près des Chutes à Michel Jolie nuance de couleurs

Lien Garmin : Les chutes à Michel

Mais le temps passe et il faut quand même que je sois à la sortie de Péribonka ce soir. Je ne tarde pas, récupère mon sac à dos alourdi de deux petits patés à la viande et d'un bocal de fèves au lard et au sirop d'érable et tends le pouce devant le resto. En soi, je ne suis qu'à 5 km de Saint Félicien, donc je pourrais les faire à pied, mais c'est une grande ligne droite interminable, le long d'une route nationale. Pas le plus kiffant. J'attends plusieurs minutes, il y a pas tant de voitures que ça et pas mal de camions. Je perds un peu espoir mais un local s'arrête et m'emmène jusqu'à Saint Félicien, ouf. Une fois dans la ville, je vais avoir plus de chance avec le stop. Les gens m'embarquent et m'avancent sur des petites distances : un papi m'avance d'environ 5 km, puis un comptable m'emmène jusqu'à la sortie de Dolbeau-Mistassini. Je marche un peu sur la sortie de la ville puis retends le pouce. Encore un mec, qui m'amène un peu plus loin et me pose sur le parking d'un "couche-tard" (boutique station service). Je retends le pouce et là, qui je vois, mon cueilleur d'avant hier ! Au final, même au Canada, le monde est petit. On dira que c'est le destin. Il me fait de la place et m'embarque à nouveau pour me poser à Péribonka. J'ai le smile et la barraca. Ca ne dure pas longtemps. Etant en avance, je voulais me poser dans le café de Péribonka, le Bistr'eau, malheureusement, la ville est vraiment déserte et rien n'est ouvert. Je perds un peu espoir, je suis fatiguée et j'ai froid. J'aurais aimé trainer dans cette ville qui semble animée en temps touristique. Tant pis, je continue de marcher le long de la route et de la rivière Péribonka et tends le pouce. Deux québecoises qui se baladent en voiture m'embarquent et me posent à mon lieu final, tout du moins pour aujourd'hui, à l'auberge de l'Ile du Repos. Le routard le vend vraiment bien ce camping-auberge de jeunesse. Mais plutot en pleine saison et quand il fait beau. Là, il fait tout gris et c'est mort, tu m'étonnes qu'on va se reposer, un repos éternel ici... Personne à l'accueil, il est 16h et j'étais censée arriver à 18h. J'espère ne pas devoir attendre deux heures avant de pouvoir prendre possession de la chambre, sinon ça risque d'être long. J'essaie de capter le wifi, sur le petit banc, j'attends, je vois des gens passer, je demande et un jeune fini par appeler la responsable qui vient me faire le check-in. 40$ pour la nuit, et le sourire c'est en option apparement. Elle m'indique brièvement dans quel cabanon je suis et je découvre ma chambre de 4 personnes, un peu sombre, vraiment pas transcendant. Mais au moins, c'est plus chaud que ma tente ! Je m'installe et décide de partir faire un petit footing dans les alentours. Je voulais initialement aller dans le parc national de la Pointe Taillon, mais c'est un peu loin à pied, et il est un peu trop tard. Je me dirige quand même vers le début du parc et trottine. Les jambes sont lourdes et le genou tiraille encore, ça me fait tiquer et ça m'énerve. En plus il se met à pleuvoir. Au final, je fais à peine 6km en une heure. Je rentre dans ma chambre, papote 2 minutes avec mes collocataires et savoure une bonne douche bien chaude avant d'aller dans le cabanon cuisine. Il fait pas chaud là dedans. Il y a un jeune et sa maman, des suisses, lui est à l'EPFL (quand je vous dis que le monde est petit...), on discute un peu puis je me fais chauffer mes fèves au lard et au sirop d'érable. C'est pas vraiment ragoutant mais en fait c'est super bon, un peu trop sucré mais moi ça me dérange pas. Je dégomme aussi mon cookie Big Daddy et retourne dans ma chambre pour écrire mes aventures de la journée, avant de m'effondrer à 20h30.  

La fameuse Péribonka petite balade de fin de journée 

Lien Garmin : Autour de l'auberge de l'Ile Dorée

Toutes les photos disponibles dans l'album dédié.

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